Agriculteur à Auvernaux (Essonne), Nicolas Galpin est président de la commission apicole et membre du bureau de la FDSEA Île-de-France
« Nous vivons une année compliquée. Au-delà des aléas climatiques que nous subissons, les prix ne sont pas au rendez-vous. Même s’ils ont un peu augmenté depuis quelques semaines, l’inflation est telle que l’on ne s’y retrouve pas. Nos coûts de production ont flambé, bousculant nos points de repères habituels. Avant, on disait qu’il fallait viser 1000 euros minimum de chiffre d’affaires à l’hectare; aujourd’hui, il faudrait plutôt 1500 euros par hectare.
C’est dans ce contexte que l’on apprend l’éventuelle signature prochaine de l’accord de libre-échange entre le Mercosur et l’Union européenne. On préfère vendre des avions, des voitures ou des armes plutôt que protéger le secteur agricole. C’est ce que l’on craint, car en vérité, on ne sait pas trop à quelle sauce on va être mangés. On entend parler d’une baisse de droits de douane pour les exportations de viande bovine, de volaille et d’éthanol de l’Amérique du sud vers l’UE, mais on manque d’information précise sur le contenu de l’accord.
Ce qui me choque, c’est le décalage entre un discours gouvernemental qui se veut rassurant et plein de promesses envers les agriculteurs, et la réalité, où l’agriculture est une nouvelle fois mise de côté, voire sacrifiée. Ce décalage me fait penser aux mesures annoncées durant le Salon international de l’agriculture, après nos mobilisations de l’hiver, qui n’ont, finalement, jamais été vraiment mises en oeuvre. Ou encore à l’invitation des Soulèvements de la terre à un débat, durant ce même Salon, qui montrait que le gouvernement n’avait vraiment rien compris à notre situation.
La signature de cet accord risque de fragiliser encore davantage l’élevage, en premier lieu, mais aussi les céréaliers, dont une grosse partie de la production est consommée par l’élevage français. On peut également se poser la question de l’impact d’un tel accord sur la production française d’éthanol, de soja, de maïs.
La confiance est rompue avec le monde politique. Je comprends dès lors que les mobilisations puissent reprendre, dès la mi-novembre. »