« Le monde agricole doit rester uni »

Agriculteur à Banthe (Val-d’Oise), Olivier Hue est président de la MSA Île-de-France.

« Comment se positionne la MSA dans le contexte mouvementé actuel ?

Olivier Hue : Ce contexte est mouvementé pour tout le monde malheureusement. Météo, contexte politique, problématiques de pouvoir d’achat ou de revenus pour les exploitants, déficits et dettes publiques sont autant de facteurs qui impactent le quotidien de chacun (exploitants, salariés…), mais aussi nos organisations. Plus que jamais le monde agricole dans toutes ses composantes doit rester uni et doit savoir se parler.

En théorie, l’organisation MSA devrait être armée pour préserver ce dialogue à tous les niveaux avec un conseil d’administration composé d’administrateurs qui sont au coeur des actions menées, et une MSA qui est à la fois organisme de sécurité sociale et organisation professionnelle agricole (OPA). Les délégués sont aussi potentiellement des relais terrain avec les assurés (particuliers, exploitants et entreprises) pour faciliter et nourrir ce dialogue. Je dis potentiellement car on voit bien aussi la difficulté pour mobiliser aujourd’hui. S’agissant du conseil d’administration et dans ce contexte mouvementé, le dialogue reste ouvert et les échanges, constructifs au sein des trois collèges.

Quel est le bilan de la période écoulée ?

Le problème est que la période que l’on a vécue est loin d’être finie. Ce mouvement de colère du monde agricole qui couvait depuis longtemps a pris pour cible certaines MSA, ce qui n’est pas acceptable. Je tiens à saluer que la MSA Île-de-France n’a pas été touchée, et je remercie les FDSEA d’Île-de- France et de Seine-et-Marne pour leurs comportements responsables. On sait se parler, on sait se dire les choses et agir quand il le faut. Je reste, comme tout le conseil et comme notre directeur général, accessible et à l’écoute, conscient que la grogne du terrain est toujours présente.

Bien évidemment, cette période nous interroge sur le regard porté sur la MSA, vue avant tout comme un percepteur en oubliant tous les domaines et apports de la caisse dans le quotidien de chacun. Il est évident que la MSA doit mieux faire connaître ce qu’elle fait.

La MSA n’est pas épargnée par les contraintes imposées par l’État, par la complexité dans la mise en oeuvre de législations et réglementations voulues par les pouvoirs publics. Il est difficile pour le directeur général et ses équipes de faire mieux en permanence avec moins de moyens, avec des exigences aussi de plus en plus fortes de nos publics.

Malgré ces contraintes, notre objectif est de toujours conserver une proximité réelle entre la MSA et ses assurés.

Parmi les grands projets menés se trouve celui sur la prévention du mal-être agricole. Où en est-on sur le sujet ?

Ce sujet est une illustration d’une méconnaissance parfois de ce que peut faire la MSA au travers d’un grand nombre de dispositifs qu’elle porte, d’aides qu’elle peut apporter, par exemple sur le règlement des cotisations ou leur prise en charge et sur l’aide au répit.

L’enjeu actuellement est de constituer un réseau de sentinelles pour mailler les territoires et faire remonter avant qu’il ne soit trop tard des situations nécessitant d’être accompagnées.

Ce réseau, qui est important, est cependant très difficile à constituer, car les sentinelles sont encore difficiles à mobiliser. Il est important que toutes les OPA se sentent concernées.

Quelles sont les autres évolutions des services aux adhérents ?

Les projets de votre MSA ne manquent pas, avec un rôle clé de la direction générale pour continuer à agir malgré des effectifs en baisse, et des recherches d’économies de fonctionnement.

J’ouvre une petite parenthèse pour illustrer mes propos, c’est tout le travail fait au plan immobilier par exemple avec un nouveau siège social depuis deux ans, des agences vendues, des m2 partagés avec différents partenaires du régime général… Cette politique de rationalisation engagée depuis dix ans va être poursuivie.

Je salue tous les projets engagés visant à renforcer le « aller vers », à développer une offre proactive en faveur de nos adhérents, de façon ciblée en fonction de grands moments de vie.

Enfin, n’oublions pas que guichet unique et mutualisme sont les deux piliers fondamentaux de la MSA, et j’observe que le modèle du guichet unique est toujours d’actualité. Je pense par exemple au déploiement des sites France services (plus de 180 en Île-de-France).

Comment voyez-vous la rentrée ?

Le contexte risque d’être difficile mais on doit continuer à avancer, à mieux communiquer. La suppression progressive d’envoi papier, le développement des services en ligne, la suppression des chèques sont autant d’éléments par exemple qui vont être poursuivis et nécessiteront aussi un accompagnement plus fort.

Les élections vont être un moment important et à nous de défendre notre régime, car être au régime général ne conduirait pas à moins de cotisations. Et je suis persuadé qu’avoir des représentants des différentes filières au sein de notre organisme est un véritable atout.

Pour la MSA, le prochain vrai enjeu va être aussi celui de la nouvelle COG (Convention d’objectifs et de gestion, NDLR) à compter de 2026 où la négociation des moyens s’annonce très compliquée au regard du contexte. J’aurai l’occasion de vous en reparler. »

PROPOS RECUEILLIS PAR LA MSA ÎLE-DE-FRANCE