« Manifestation interdite : jamais nous n’avions atteint ce niveau de mépris »
Frédéric Arnoult, agriculteur à Bouville (Essonne), Président de l’Union de l’Essonne et membre du bureau de la FDSEA Ile-de-France.
« La semaine dernière, la FDSEA et les JA d’Île-de-France avaient prévu une action syndicale — sous le nom de Nada (Non à la décroissance agricole) — à Paris. Quelques heures avant, nous avons été contraints d’annuler cette manifestation, la préfecture de police de Paris nous refusant catégoriquement le droit de nous réunir pour nous exprimer. L’action envisagée était pourtant une simple action de communication pacifiste. À croire que le droit de manifester librement ne s’applique plus en France, sauf à employer des méthodes douteuses.
Nous, agriculteurs, sommes les premiers républicains, respectueux des règles et des lois et voilà que désormais, les citoyens que nous sommes sont interdits d’expression. Le Président de la République met sur la touche les agriculteurs et les syndicats qui souhaitaient simplement s’exprimer en public pour défendre une profession à bout de souffle. On entend ici et là, dans la bouche des élus, l’ambition de la souveraineté alimentaire. C’est évidemment un objectif que nous partageons et défendons mais soyons lucides, à la vitesse où le gouvernement français fait reculer la puissance agricole de la France et sa capacité de production, nous allons droit dans le mur.
Ce refus de nous laisser manifester le 24 novembre marque, à mon sens, un tournant. Jamais nous n’avions atteint ce déni de démocratie et ce niveau de mépris pour notre profession. Le désarroi dans nos rangs est palpable et bientôt les corps intermédiaires ne seront plus en mesure de contenir qui que ce soit. Cela fait plusieurs années que nous lançons cet avertissement mais un jour viendra où il sera véritablement trop tard. Quand on n’a plus rien à manger, on n’a plus rien à perdre. »