« 4 % de jachères…et après ? »
Nathalie Prieur, agricultrice à Louvres (Val d’Oise), Présidente de la Section des agricultrices et Vice-Présidente de la FDSEA Ile-de-France.
« La nouvelle réforme de la Pac nous impose 4 % de jachères obligatoires sur nos exploitations. Au-delà d’être incompréhensible, cette nouvelle mesure est un véritable crève-coeur. Il y a évidemment des territoires en France où cela peut être un peu plus facilement admis — pour qui a des pâturages ou des terres de moins bonne qualité —, mais pour nous, producteurs de grandes cultures franciliens, qui avons pour beaucoup des terres d’une grande richesse et dont le rôle de production n’est plus à démontrer, ces 4 % de jachères imposées sont une hérésie totale. Il est difficile d’accepter de s’y conformer, d’autant qu’elles constituent un grignotage de plus de nos terres sur un territoire déjà largement confronté aux expropriations causées par la pression urbaine.
Cette règle, si elle était appliquée à l’ensemble de la population, signifierait que pour chaque individu possédant un jardin de 100 m2, 4 m2 devrait obligatoirement rester exempt de tout aménagement, entretien, culture potagère, etc.
Disons-le clairement, il nous faut avaler la pilule de cette nouvelle contrainte imaginée par des gens manifestement bien éloignés de la réalité du terrain. Et tenter de rebondir le plus intelligemment possible. Pour cela, il semble que quelques pistes intéressantes soient devant nous, notamment l’implantation de haies, de bosquets ou de mares qui pourraient être éligibles à cette nouvelle contrainte — et dans certains cas, aussi, subventionnables. Envisageons aussi, pourquoi pas, d’avoir recours à l’implantation de panneaux photovoltaïques sur ces espaces, afin de leur permettre de conserver la notion de productivité à laquelle nous sommes tant attachés. »