« Nous ne sommes pas certains de vendre notre production »
Philippe Plaideau, arboriculteur à Groslay (Val-d’Oise), est président du groupe Les Vergers d’Île-de- France et administrateur de la FDSEA Île-de-France.
« Horizons : Dans quelle situation se trouvent les vergers franciliens pour cette récolte 2023 ?
Philippe Plaideau : Jusqu’ici tout va bien ! Nous n’avons pas subi de période de gel ni d’épisode de grêle et la pluie de cet été nous a été plutôt favorable. Les fruits sont beaux et en volume important. Ce devrait donc être une récolte plutôt satisfaisante. Avec un point noir quand même : compte tenu de nos coûts de production plus élevés que nos voisins européens, nous ne sommes pas certains de vendre notre marchandise.
Quelle est votre préoccupation majeure pour cette saison ?
La problématique la plus prégnante est incontestablement celle de la main-d’oeuvre. Nous avions beaucoup recours aux saisonniers des pays de l’Est et notamment aux Polonais, mais aujourd’hui leur pays se développe, ils sont de mieux en mieux payés, le taux de change ne leur est plus favorable et de ce fait, ils préfèrent rester dans leur pays pour travailler. Nous arrivons à trouver de la main-d’oeuvre africaine mais elle n’égale pas la productivité des Polonais. Il faut donc plus de saisonniers, plus de matériels, plus d’infrastructures d’accueil…
L’arboriculture francilienne connaîtra un tournant l’année prochaine. Expliquez-nous.
Une grosse vague de départs en retraite se prépare effectivement pour l’année prochaine et l’avenir des exploitations est incertain. Dans un contexte où les coûts de production augmentent, les coûts de l’énergie augmentent et les prix de vente sont, au mieux, stables, ce n’est pas facile. Les moins de 40 ans qui sont à la tête des exploitations se posent concrètement la question d’arrêter et de faire autre chose. Aujourd’hui, ils bénéficient encore de l’aide de leurs parents mais quand ces derniers ne pourront plus, financièrement, cela ne passera pas pour les trésoreries. On fait des appels du pied sans cesse aux producteurs pour manger plus sain, plus local, mais tout est fait pour compliquer la vie des exploitations au lieu de la simplifier et de les laisser produire. »