« L’arboriculture va devoir penser à l’irrigation et à la mécanisation des récoltes »
Arboriculteur à Groslay (Val-d’Oise), Philippe Plaideau est président du groupe Les Vergers d’Île-de- France et administrateur de la FDSEA Île-de-France.
Horizons : Dans quelle situation se trouvent les vergers franciliens après cette longue période de sécheresse ?
Philippe Plaideau : Les vergers irrigués sont très peu nombreux en Île-de-France. Nous avons donc tous subi de plein fouet cet été chaud et sec. Jusque-là, l’irrigation n’était pas une nécessité pour nos exploitations mais je crois qu’il va désormais falloir y penser.
Sans surprise, les rendements ne sont pas exceptionnels cette année mais la qualité est au rendez-vous. Le taux de sucre dans les fruits est élevé, ce sont de vrais bonbons. Avec un risque tout de même au niveau de la conservation car on ne sait pas comment cela va se passer.
Nous notons également une grande disparité dans les fruits arrivés à maturation.
Y a t-il un risque de subir des conséquences à plus long terme ?
Cela dépendra de l’hiver que nous aurons, mais il est possible que cette sécheresse puisse avoir un impact sur le retour à boutons pour la prochaine saison. En matière d’induction florale, tout se joue durant l’été et, compte tenu du fait que les arbres ont été en souffrance à cette période, ils ont donné la priorité aux fruits sur l’arbre. Si nous connaissons de gros épisodes de gel par exemple, le retour à boutons ne sera pas satisfaisant l’an prochain.
La filière arboricole souffre d’un manque de main-d’oeuvre. Comment la situation évolue-t-elle ?
C’est malheureusement de pire en pire d’année en année. Trouver de la main-d’oeuvre est un véritable casse-tête. On trouve de moins en moins de saisonniers, et des personnes de moins en moins motivées. Notre secteur ne trouve plus de main-d’oeuvre française depuis longtemps. Nous nous tournons donc vers les Polonais par exemple, mais les arboriculteurs franciliens ne sont pas les mieux placés pour leur offrir une rémunération attractive. Beaucoup préfèrent aller travailler dans les vignobles de Champagne notamment. L’euro ayant perdu de la valeur, ces travailleurs saisonniers sont également moins intéressés pour venir travailler chez nous.
Il va devenir indispensable et urgent de mener des recherches pour la mécanisation de la récolte.