« Nous avons besoin d’être sécurisés, protégés et reconnus »
Agriculteur à Perdreauville (Yvelines), Arnaud Lepoil est président du syndicat local de Mantes et administrateur de la FDSEA Île-de-France.
« À la veille du second tour de l’élection présidentielle, la profession agricole n’a d’autre option que de faire le constat que l’agriculture est la grande oubliée de la campagne. Nous sortons pourtant d’un quinquennat qui ne nous aura pas épargné. Nous aurons du mal à oublier ces cinq années de désamour avec Emmanuel Macron. Seul son actuel ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, hélas arrivé bien tard à l’échelle de la mandature, aura permis de remettre un peu de bon sens dans les décisions gouvernementales.
Malgré tout, entre le glyphosate, les zones de non-traitement, les néonicotinoïdes et le reste, nous n’oublierons pas ces dernières années durant lesquelles nous avons été malmenés. Nous attendons, nous attendions, des preuves d’amour avant le 24 avril…
La campagne présidentielle a été légitimement marquée par la guerre en Ukraine. Au cours des réflexions fournies çà et là, on s’aperçoit alors que la production agricole est une composante essentielle pour la survie et l’autonomie d’un pays. D’un seul coup, on a besoin des agriculteurs, de leur savoir-faire et de leurs productions. Plusieurs problématiques se dressent toutefois devant nous : la disponibilité des intrants, du carburant ainsi que du matériel agricole. La crise sanitaire de la Covid avait déjà complexifié l’approvisionnement en pièces détachées et le conflit russo-ukrainien n’arrange rien. Pourrons-nous travailler correctement dans les mois/années à venir ? Rien n’est moins sûr.
On nous rabâche tous les jours que les cours des productions sont porteurs. C’est effectivement une bonne nouvelle pour nous mais c’est une vision très réductrice des choses. D’une part parce que les prix des intrants, nécessaires à la conduite de nos cultures, connaissent eux aussi une hausse vertigineuse et d’autre part parce qu’il ne faut tout de même pas oublier que notre métier est soumis à des aléas climatiques de plus en plus fréquents et violents qui peuvent entraîner des pertes de productions importantes. Si jamais nous revivions une année comme 2016, les cours auraient beau être hauts, nous serions face à une catastrophe économique immense tant les sommes engagées pour produire sont folles !
Plus que jamais nous avons donc besoin d’être sécurisés, protégés et que l’on reconnaisse enfin que nous savons produire correctement et que notre pays a besoin d’une agriculture forte et non pas poussée constamment vers le chemin de la décroissance et de la non-production. »