Agriculteur à Magny-en-Vexin (Val-d’Oise), Gilles Maigniel est président de la commission Dégâts de gibiers et administrateur de la FDSEA Île-de-France.

« La conclusion d’une enquête commandée par la Fédération nationale des chasseurs me semble extrêmement grave de conséquences :  »d’ici cinq ans, le nombre de chasseurs aura chuté de 50 % ! » Cette année encore, 25 000 permis de chasser n’ont pas été renouvelés. La diminution du pouvoir d’achat, la baisse catastrophique des effectifs de gibier de plaine ne sont pas les seules causes. Les chasseurs, comme les agriculteurs, subissent le diktat de toute la mouvance dite  »écologiste ». Tout est fait pour décourager les acteurs ruraux à tous les niveaux : européen, national, avec ses déclinaisons départementales.

À ce rythme, qui protégera nos cultures des dégâts occasionnés par les pigeons, les corbeaux, les lapins et bien sûr le grand gibier ? Assurément pas les chasses administratives, quand bien même ce mode de régulation est nécessaire dans certains cas mais réservé à des actions ponctuelles. Pour tenter de stopper cette hémorragie, nous devons venir en aide à nos partenaires chasseurs, par exemple en répondant présent pour les mesures mises en place par la Ficif* visant à améliorer ou à créer un habitat plus favorable au petit gibier. Beaucoup de chasseurs ont perdu leurs racines rurales, aussi, il est indispensable d’établir du lien, de la communication, nous ne devons plus nous ignorer, il y va de l’intérêt de tous.

Protection des cultures du 1er mars au 30 juin

Un premier pas vient d’être franchi dans le Val-d’Oise pour la protection des semis de printemps. Quinze chasseurs viennent d’être autorisés à pratiquer le tir de nuit à l’aide d’équipement thermique. Grâce à un travail exemplaire mené en parfaite équité avec la Ficif, le préfet du Val-d’Oise autorise le tir des sangliers de nuit sous conditions très encadrées. La DDT des Yvelines s’est engagée à accepter un petit nombre de chasseurs à titre expérimental. J’espère que les actes suivront rapidement les promesses. La DDT de l’Essonne refuse cette expérimentation.

Ce n’est qu’un début, d’autres formations réalisées par la Ficif auront lieu et je vous invite à vous inscrire.

Il faut souligner la décision très courageuse du président de la Ficif, Philippe Waguet, ainsi que de son directeur, Arnaud Steil, qui m’ont soutenu sur ce dossier très polémique, mais aussi sur la constitution du dossier  »Espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » qui devra être transmis à l’administration en novembre 2025. Un grand merci à eux et à la préfecture du Val-d’ Oise.

Vous le constatez, la Fédération des chasseurs travaille en bonne intelligence avec la FDSEA Îlede-France. Nous avons le projet d’aménager des parcelles en bordure de forêt pour faciliter le prélèvement des sangliers à l’affût et tenir les cervidés hors des cultures. La bonne collaboration entre nos fédérations ne doit pas faire oublier un fait inacceptable : les surfaces détruites par le grand gibier ne diminuent pas assez. Il faut s’attaquer localement à ceux qui voient dans le grand gibier un fonds de commerce ou un loisir sans considération pour le monde agricole. Ceux-là doivent être signalés à la Ficif et être sanctionnés.

Les trois battues concertées organisées par la Ficif dans le périmètre de La Celle-les-Bordes (Yvelines) ont permis de prélever près de 150 cervidés. Là encore, cette initiative doit être saluée tant elle était impopulaire.

Arrivée du loup en Île-de-France

La présence de trois loups sauvages en Eure-et-Loir a été confirmée par l’OFB. Pour l’instant, il s’agit de déplacement du super prédateur, mais pas encore d’installation de meute. À l’heure où tout le territoire national est concerné, il faut l’affirmer sans hésitation, le loup n’a pas sa place dans nos régions. Nos décideurs politiques ne doivent pas céder aux délires des fondamentalistes, des écologistes sectaires. En conclusion, nous devons être acteurs de notre protection :

– en communiquant à la Ficif le lieu des parcelles susceptibles d’avoir des dégâts importants ;

– en prévenant leur technicien d’une fauche de prairie ou récolte à méthaniser afin d’extraire les faons à l’aide de drones ;

– en acceptant le semis de couverts végétaux au drone.

Ces trois exemples ne nous coûtent rien mais renforcent la crédibilité des responsables de la commission qui doivent négocier tous les ans le prix des denrées au plus juste, défendre et souvent éviter les abattements sur indemnité, mais surtout mettre en oeuvre tous les outils de régulation de la faune sauvage. »