Agriculteur à Morigny-Champigny (Essonne), Benoit Mazure est le président du syndicat Hurepoix-Étampois et, à ce titre, administrateur de la FDSEA Île-de-France.

« Nous le savons tous, l’un des grands défis de l’agriculture française est le renouvellement des générations. Selon une étude de l’Insee, en 2019, 55 % des agriculteurs étaient âgés d’au moins 50 ans.

Le passage du flambeau va devenir une préoccupation centrale. Transmettre son exploitation en fin de carrière constitue un aboutissement et le sentiment d’un travail accompli. Cela n’est pas toujours possible et chaque situation est évidemment unique. Chacun d’entre nous porte cependant la responsabilité d’essayer de transmettre le goût du métier d’agriculteur à des jeunes. Cela passe avant tout par un discours positif et optimiste.

Nos revendications syndicales nous amènent, à juste titre, à mettre en avant nos difficultés et tirer les sonnettes d’alarme. Attention cependant à ne pas décourager nos jeunes par une ambiance trop pessimiste. Tout n’est pas si sombre, loin de là !

Si nous avons une charge de travail élevée, elle est souvent saisonnière et nous sommes très éloignés de la routine boulot, métro, dodo que supportent la plupart de nos concitoyens.

Si les perspectives économiques sont souvent sombres et les prix en berne, nous avons pourtant des opportunités de diversification quasi infinies pour compléter nos revenus. Cela est d’autant plus vrai en Île-de- France pour ceux qui ont le goût d’entreprendre.

Si la solitude est parfois pesante, notre profession nous offre aussi des moments de convivialité exceptionnels grâce à nos syndicats, nos coopératives et toutes nos réunions professionnelles qui jalonnent l’année.

Enfin, et je terminerai par là, levons la tête et regardons les paysages qui nous entourent et que nous, agriculteurs, avons contribué à façonner au fil des générations : quelle beauté et quelle fierté.

Pour ma part, admirer un coucher de soleil sur un de mes champs de blé à la veille de la moisson est le plus beau spectacle qu’il m’ait été admis de contempler. J’espère bien qu’après nous, d’autres jeunes pourront ressentir le même plaisir… »