Agriculteur à Mespuits (Essonne), Stéphane Besnard est président de la commission agriculture biologique de la FDSEA Île-de-France.
« Tous nos efforts portent aujourd’hui sur la reconstruction de la filière bio. Dans ce cadre, je voudrais évoquer deux sujets. Le premier est la proposition de suppression de l’Agence bio, un amendement porté par le sénateur Laurent Duplomb le 17 janvier. C’est tout bonnement scandaleux. L’Agence bio est une structure dans laquelle la profession agricole est représentée, notamment par Chambres d’Agriculture France. Elle a pour vocation de faire redémarrer la consommation bio par des actions de communication, ou de porter des appels à projets de création de filières via le fonds Avenir bio doté de 18 millions pour 2024. Si l’on supprimait cette agence, on perdrait des années de travail et de compétences consacrées à la structuration de l’agriculture biologique. Comme l’a dit la FNSEA dans son communiqué de presse, ce serait incompréhensible. Cela aurait été un signal très inquiétant pour l’agriculture biologique.
À l’inverse, au niveau local, nous essayons de faire avancer les choses. Nous travaillons à la construction d’une filière blé-farine bio Île-de- France. Les discussions ont été enclenchées aux mois de mai-juin derniers, avec une réflexion sur les coûts de production et les prix de vente. Les meuniers sont demandeurs : il y a besoin de produits tracés Île-de-France de la ferme à l’assiette, notamment en restauration collective.
Avec le PCTAB (Pôle de compétitivité technique en agriculture biologique) et le service économie-filières de la Chambre, nous sommes allés rencontrer des responsables de la Région pour pouvoir nous appuyer sur la marque Produit en Île-de-France. Nous avons également organisé des rencontres avec les meuniers, les organismes stockeurs et la fédération de coopératives. Il existe une volonté globale d’avancer sur le sujet, même si quelques points d’achoppement demeurent. L’idée est d’établir un contrat pluriannuel avec un prix plancher, pour éviter que les exploitants ne subissent de fortes baisses comme l’an dernier, et des prix plafonds pour sécuriser les débouchés. Il s’agirait d’un volume conséquent : 15 000 tonnes dans un premier temps, soit un tiers de la production régionale de blé bio.
Nous nous devons d’y parvenir collectivement. Nous aurons alors créé une filière gagnant-gagnant, qui permettra de redonner de la visibilité aux agriculteurs biologiques. Rappelons que le risque de déconversion est toujours présent : nous sommes d’ailleurs passés de 39 000 à 37 000 hectares bio. Notre objectif est d’aboutir au moment du Salon international de l’agriculture en vue d’une application dès la prochaine récolte. Ce serait un signal fort, et cette fois positif, pour l’agriculture biologique. »