« Notre métier, c’est de produire, pas d’être dans la paperasse ! »

Arboriculteur à Groslay (Val-d’Oise), Philippe Plaideau est président du groupe Les Vergers d’Île-de-France et administrateur de la FDSEA Île-de-France.

« Cette année, nous avons encore perdu cinq ou six exploitations, sur la soixantaine que compte l’Île-de-France. Il s’agissait d’exploitants partant à la retraite, et dont personne n’a pris la suite. Concrètement, sur leurs parcelles, des arbres sont arrachés ou laissés à l’abandon, ce qui favorise le développement des maladies. Comment en est-on arrivé là ? Selon moi, l’une des réponses vient de la lourdeur administrative toujours plus pesante. Notre métier, c’est de produire, pas d’être dans la paperasse ! Nous aurions besoin d’une aide administrative qui nous fasse gagner du temps. Quand les jeunes voient les contraintes dans lesquelles on se trouve, ils se démotivent. Pourtant, nos structures sont viables économiquement. Mais il faut travailler sept jours sur sept. C’est cela, aussi, qui peut décourager certains jeunes.

De la même manière, nous avons de plus en plus de mal à trouver une main-d’œuvre saisonnière fiable, motivée et qualifiée. La semaine dernière, un saisonnier s’est plaint de l’absence de micro-ondes dans les champs ; il n’est pas revenu travailler le lendemain. Là encore, nous aurions besoin d’une administration qui diminue les contraintes pour faire venir cette main-d’œuvre. Bien sûr, les producteurs doivent aussi ne pas commettre d’abus : les saisonniers ne sont pas des esclaves ! Il faudrait organiser un jour ou deux de formation pour qu’ils apprennent à cueillir et sachent à quoi s’attendre. Je suis certain que des récoltes vont être laissées sur place faute de main-d’œuvre. Autour de moi, aucun producteur ne dispose d’effectifs au complet.

Pourtant, la récolte cette année n’est pas mauvaise ; elle est moyenne. Dans certains cas, la pluviométrie excessive a occasionné la mortalité des arbres dans certains vergers, et le développement de maladies telles que la tavelure. Ailleurs, si on a moins de fruits, les calibres sont plus gros, donc nous avons pu maintenir un tonnage correct. Je constate néanmoins que la suppression de certaines matières actives nous mène dans des impasses techniques. Il devient difficile de soigner nos arbres correctement.

Heureusement, la demande est plutôt au rendez-vous. Les consommateurs continuent à apprécier des fruits de qualité. »