« Il va falloir s’adapter pour passer l’année »

Agriculteur à Notre-Dame-de-la-Mer (Yvelines), Thomas Brébion est administrateur de la FDSEA Île-de- France.

« Les résultats de la moisson sont très décevants, avec des rendements en chute de 20 à 25 %, que ce soit pour les blés, l’orge d’hiver, le colza érucique. La qualité n’est pas non plus au rendez-vous, avec des poids spécifiques problématiques. En raison des conditions météorologiques de l’année, on savait que la récolte allait être difficile. Le climat fait partie des points qu’on ne maîtrise pas. Mais l’aspect des blés, notamment, était plutôt correct ; nous n’avons pas eu d’alerte. Les protections fongicides avaient été effectuées. Ce n’est qu’en rentrant dans les champs avec la moissonneuse-batteuse que nous avons pris conscience de l’ampleur des dégâts.

C’est toute la filière céréales qui va être impactée, des coopératives et négoces aux transporteurs, qui vont avoir moins de volumes que prévu. Aurons-nous assez de semences fermières ? Les semenciers disposent-ils de stocks suffisants ? En 2016, la Région Île-de-France avait lancé un plan d’urgence pour permettre l’acquisition de graines de qualité. Il serait opportun de recourir au même dispositif cette année.

Malgré ce contexte général morose, il faut repartir, acheter les semences, les produits phytosanitaires ; cette moisson est à peine terminée que l’on est déjà dans la suivante, avec les semis de colza. Mais encore faut-il être en capacité de “ relancer la machine ”, c’est-à-dire avoir la motivation… et la trésorerie ! Côté trésorerie, il va falloir s’adapter pour passer l’année : reporter les investissements, veiller aux charges de mécanisation. La motivation, c’est l’amour du métier. Il faut continuer à croire en l’avenir, et rester positif, malgré toutes les incertitudes. »