« Donnez-nous les moyens d’assurer la souveraineté alimentaire »

Maraîcher au Mesnil-le-Roi (Yvelines), Jean-Claude Guehennec est président de l’Union des producteurs de fruits et légumes d’Île-de-France et vice-président de la FDSEA Île-de-France.

« En mars 2023, le gouvernement a lancé un plan de souveraineté alimentaire pour la filière fruits et légumes, avec notamment des aides à l’investissement pour des équipements. Ce plan est, bien sûr, une excellente nouvelle. Nous aider à investir est positif. Mais cela ne suffit pas. Pour que nous soyons compétitifs, il faut diminuer nos coûts de production, en particulier le coût de la main-d’oeuvre, et ne pas interdire des molécules sans solutions alternatives.

Lors des mobilisations, nous avions, entre autres, mené ce combat pour la diminution de nos charges. Dans le contexte politique actuel, les avancées obtenues sont aujourd’hui en pause.

On nous demande des produits de qualité, locaux, de proximité. Mais la réalité est que nous ne sommes pas capables d’assurer la sécurité alimentaire de l’Île-de-France. Du côté des intermédiaires, grossistes et grandes surfaces ont continué à  »tirer sur l’ambulance » et à nous créer de nombreuses difficultés. Ils s’en aperçoivent aujourd’hui, peut-être un peu tardivement. Du côté des consommateurs, la grande majorité a oublié l’épisode du Covid, durant lequel nous avions réussi à assurer l’alimentation de tous. Je comprends pleinement les difficultés qui existent sur le pouvoir d’achat. Néanmoins, il faut qu’intermédiaires et consommateurs paient le juste prix de produits locaux de qualité.

Par ailleurs, on continue à marcher sur la tête : dans notre région, alors même qu’il y a de la demande pour des fruits de proximité, on persiste à arracher des arbres fruitiers.

Il ne suffit donc pas de nous aider à investir, il faut baisser les charges, afin que l’on puisse continuer à nourrir la population. C’est aussi un point crucial pour assurer le renouvellement des générations et faire en sorte que le métier soit attrayant. Nos jeunes ne vont pas s’engager dans le métier s’ils n’arrivent pas à dégager un revenu suffisant.

Nous avons quand même un beau métier, d’une part, et il y a de la demande pour nos produits, d’autre part. Nous pouvons sortir de ces difficultés, si on nous permet de retrouver de la compétitivité. »