« En ordre de marche pour protéger les semis de printemps »
Agriculteur à Magny-en-Vexin (Val-d’Oise), Gilles Maigniel est président de la commission Dégâts de gibier.
« Malgré une actualité syndicale bouillonnante et l’envie de commenter les très nombreux et très opportunistes messages de ralliement à la cause de la souveraineté alimentaire de la part des mêmes qui nous laissaient mourir doucement il y a seulement un mois, je dois me centrer sur le dossier des dégâts occasionnés par le grand gibier. Le stock de fruits forestiers est consommé à ce jour. Les sangliers détruisent quotidiennement les blés de maïs, c’était prévisible. Bientôt ce sera le tour des semis de pois, d’orge puis de maïs. Comment réduire ces surfaces détruites ? Plusieurs moyens :
– jusqu’au 31 mars, la chasse en battue du sanglier doit être intense. Nous devons alerter la Ficif* dès l’observation de dégâts et indiquer le lieu où les animaux se réfugient, propriétés privées, friches urbaines, etc. Dès qu’une compagnie trouve une zone de quiétude aussi insolite soit-elle, il faut la déloger ;
– une grande nouveauté cette année, le tir du sanglier possible en avril et mai. Cette opportunité est soumise à une autorisation préfectorale à titre individuel uniquement pour protéger les semis. À partir du 1er juin, et sur autorisation préfectorale, le tir d’été commence avec possibilité de pratiquer des battues dans les zones classées »point noir » ou à partir d’août pour les autres ;
– vous avez la possibilité de prélever les sangliers autour des parcelles en cours de récolte ou broyage de couvert en ayant obtenu préalablement une autorisation préfectorale individuelle valable pour toute la saison.
En 2022, compte tenu de l’augmentation du prix des denrées, l’État a pris à sa charge une partie des indemnisations, 500 000 euros pour la Ficif (Val-d’Oise, Essonne, Yvelines) sur un montant total de 2 millions d’euros. Cette participation pour une durée de trois ans impose une diminution des surfaces détruites de 30 % en trois ans. C’est pour parvenir à cet objectif que la Ficif envoie un courrier à tous les responsables de chasse à partir du moment où les déclarations provisoires de dégât atteignent un hectare sur le territoire. Ce rappel aux modalités permettant de réduire les dégâts peut être mal interprété lorsque le réclamant n’a aucune maîtrise de la chasse, n’en tenez pas compte dans ce cas. La volonté affirmée de la Ficif de mettre la pression sur les vrais responsables d’une mauvaise gestion de l’espèce doit être encouragée. Cela va dans le bon sens malgré des maladresses concernant certains destinataires. Je vous rappelle la position de la FNSEA concernant la pose de clôtures. Il ne faut jamais refuser la pose d’une clôture sous peine de se voir infliger un refus d’indemnisation. La pose de la clôture est uniquement de la responsabilité de la Fédération des chasseurs (sauf pour les cultures à haute valeur ajoutée), nous acceptons de participer à l’entretien de celle-ci avec l’aide des chasseurs locaux. Toute entorse à ces dispositions doit faire l’objet d’un courrier adressé aux DDT et à la Ficif. L’agrainage est autorisé de mars à mai pendant les semis de printemps après en avoir informé la DDT. Si vous constatez qu’un détenteur de droit de chasse ne réalise pas assez de prélèvements, vous pouvez demander l’intervention de la louveterie auprès de votre DDT. Nous devons activer tous les moyens permettant la chasse du sanglier. Passée la fermeture générale le 31 mars, toute action est soumise à une autorisation individuelle délivrée par les DDT. Les formulaires sont en ligne sur leurs sites Internet. Une meilleure communication entre l’agriculteur et la Ficif permettra de cibler les zones à chasser. Chasseurs et agriculteurs doivent être animés par la même volonté de baisser la population de sangliers et de cervidés.»