« Nos marges, rognées chaque jour un peu plus, atteindront bientôt zéro »
Cédric Beaurain, maraîcher à Vernouillet (Yvelines), est président des Producteurs d’Île-de-France en direct, président de la commission emploi et trésorier de la FDSEA Île-de-France.
« Cela fait plusieurs mois que notre pays connaît une période d’inflation particulièrement marquée. À l’échelle de nos exploitations agricoles, cela signifie une hausse des prix des produits phytosanitaires, des semences, du GNR, du gaz, de l’électricité, des emballages ou encore du gazole pour les agriculteurs qui livrent régulièrement, voire quotidiennement, leur production. Seul le prix des engrais semble marquer le pas et revenir à des tarifs plus raisonnables.
Dans ce contexte, ce sont nos marges qui, une fois de plus, sont rognées. Pour les maraîchers comme pour l’ensemble de la profession agricole, il est difficile, voire impossible de répercuter toutes ces hausses sur nos prix de vente car la commercialisation devient, elle aussi, de plus en plus difficile. Compte-tenu de l’inflation généralisée, les consommateurs sont plus regardants et nous avons le sentiment d’évoluer dans une société où la nourriture de qualité n’est plus primordiale. Chacun veut posséder le dernier téléphone à la mode, partir en week-end ou en vacances plusieurs fois par an, au détriment du »bien manger ».
Nous, exploitants agricoles, nous retrouvons donc avec des entreprises dont les marges fondent comme neige au soleil, jusqu’au jour où elles atteindront zéro. Alors, il y aura un certain nombre d’exploitations qui mettront la clé sous la porte les unes après les autres, faute de trouver des repreneurs, et pour cause, elles ne seront pas jugées attractives…
À l’heure où l’on parle de l’enjeu majeur du renouvellement des générations en agriculture, il est urgent de se poser les bonnes questions et d’envisager des mesures urgentes et concrètes pour conserver la rentabilité de nos exploitations, faute de quoi, on risque de ne plus manger français très longtemps. »