« Un réseau de sentinelles pour agir ensemble contre le mal-être agricole »
Olivier Hue, agriculteur à Banthelu (Val-d’Oise), et président de la MSA Île-de-France.
« Quel est le sujet d’actualité qui mobilise plus fortement la MSA Île-de-France en ce moment ?
Olivier Hue : Les sujets d’actualité ne manquent pas et il suffit de regarder les dernières annonces du gouvernement. Parmi les différents projets sur lesquels nous sommes engagés, il y a notre mobilisation concernant la prévention du mal-être agricole et du risque suicidaire en agriculture. Ce sujet est important car il nous concerne tous, mais aussi parce qu’il est sensible et nécessite d’unir nos forces et de fédérer tous les partenaires agricoles. Dans la mise en oeuvre de la feuille de route interministérielle, la MSA assure le rôle d’animatrice du comité technique régional qui a été mis en place sous l’égide du préfet de région il y a un peu moins d’un an. L’un des objectifs poursuivis est la coordination des organisations professionnelles agricoles parties prenantes à la démarche, pour constituer, former et déployer un réseau de sentinelles afin de faire remonter les situations à risque et orienter vers les bons interlocuteurs et dispositifs d’accompagnement.
Concrètement, nous avons communiqué auprès de l’ensemble des partenaires agricoles afin de faire appel aux volontaires qui souhaiteraient intégrer ce réseau. Plusieurs personnes se sont déjà manifestées et nous avons pu ainsi réaliser en juin et juillet deux sessions de formation. Ces premières sentinelles connaissent leur rôle et ont été formées pour mieux détecter, alerter et orienter face à une situation de détresse. Je remercie les premiers volontaires et leurs structures qui les ont incitées à venir et à s’engager. Il nous faut cependant aller plus loin et amplifier la mobilisation de chacun. Le comité technique régional a fixé une première cible 2023 de 100 sentinelles pour mailler progressivement l’ensemble de l’Île-de-France. Alors j’invite chaque personne qui le souhaiterait à se manifester auprès de nous* pour intégrer le réseau sentinelles : nous sommes tous concernés ! Cet engagement solidaire doit continuer à faire la force du monde agricole et contribuer à le préserver.
En tant que guichet unique de sécurité sociale du monde agricole, le service aux adhérents évolue-t-il et pouvez-vous l’illustrer par quelques exemples ?
Tout d’abord nous avons maintenu notre présence sur le territoire avec nos huit agences. Nous avons depuis peu renforcé nos plages de rendez-vous le mercredi après-midi afin de mieux accueillir nos adhérents et répondre à leurs attentes. Nous avons aussi élargi notre service en étant partenaire de plus de 160 France Services en Île-de-France et avons formé leurs agents pour assurer en proximité une réponse de premier niveau et accéder à notre offre de services en ligne.
S’agissant des sollicitations, je fais un constat : les adhérents utilisent souvent de façon cumulée plusieurs canaux de contact, à savoir le téléphone, le mail, la prise de rendez-vous… Les flux sont restés forts et n’ont pas diminué après la crise sanitaire. Avoir besoin de suivre l’avancement de son dossier est normal, mais il est aussi important de réduire les réitérations pour le même sujet. En résumé, une demande, un canal, une réponse !
Préserver le lien, c’est aussi développer des actions d’aller vers nos adhérents, de mieux les informer et les guider afin d’utiliser de façon optimale les différents services du guichet unique. Par exemple, je citerais quelques actions que nous avons initiées : communiquer sur nos délais de traitement sur notre site Internet et sur notre plateforme téléphonique, adresser par mail des conseils aux adhérents, notamment sur l’utilisation de leur Carte vitale, l’obtention d’une attestation de droits ou pour suivre en autonomie l’avancée de leur dossier avec leur espace privé.
Pouvez-vous nous citer quelques réalisations créatrices de lien social en milieu rural ?
Préserver et développer le lien, la proximité avec nos adhérents est un sujet qui anime au quotidien les équipes de la MSA Île-de- France. Que ce soit en initiant, comme nous l’avons fait en Seine-et-Marne avec l’action Solibon, la distribution de bons alimentaires pour permettre à des personnes en difficulté de venir s’approvisionner en produits locaux dans les fermes partenaires du réseau Bienvenue à la ferme, créant par la même occasion du lien sur le terrain. Je citerais aussi notre contribution au projet de piscine itinérante dans le Vexin (Val-d’Oise) avec deux communautés de communes. Agir sur le terrain avec nos partenaires au service des populations, c’est contribuer à développer ce lien social dont nous avons tous besoin.
S’agissant de la mise en oeuvre de la réforme des retraites, pouvez-vous nous dire si vous serez prêts ?
Je ne reviendrai pas en détail sur la réforme des retraites, nous aurons à mettre en oeuvre ses nouvelles dispositions au 1er septembre, notamment sur l’âge de départ et la durée d’assurance, l’objectif étant d’être prêts. En revanche, certaines mesures prendront nécessairement plus de temps à être appliquées, je pense au calcul de la retraite des exploitants agricoles sur les vingt-cinq meilleures années.
Un mot de conclusion ?
La période que nous traversons est difficile et incertaine mais l’important pour notre conseil d’administration et notre direction générale est d’agir pour préserver ce lien humain et d’améliorer la qualité de notre service pour nos adhérents. Il est important de conserver « l’aller vers », le dialogue et la proximité avec votre MSA. Il est important de ne pas limiter le rôle de la MSA à celui d’un percepteur. Il est aussi important de préparer les prochaines élections cantonales qui permettront d’élire en 2025 le nouveau conseil d’administration. C’est maintenant qu’il faut sensibiliser nos adhérents et leur donner envie de s’engager et d’être acteurs de leur système de sécurité sociale unique en France !
Je vous souhaite à toutes et à tous un bel été. »