Humeur chagrine
Agriculteur à Sonchamp (Yvelines), Luc Janottin est vice-président de la FDSEA Île-de-France et président de la commission environnement.
Depuis la Covid, la guerre en Ukraine, le suicide énergétique national, le monde politique unanimement jurait qu’il avait compris. On allait enfin redynamiser la production, libérer les initiatives individuelles et freiner ce Hara Kiri administratif permanent. Désolé de vous décevoir, c’est déjà oublié et les textes environnementaux contraignants s’amoncellent comme jamais.
C’est vrai que la faiblesse du ministre de l’Agriculture actuel n’arrange rien par rapport à la dernière mandature, mais quand même.
Dans le projet de la Directive Nitrate, on remet royalement en cause le seuil européen de 50mg, éniéme surtransposition à la française.
Notre chère souveraineté alimentaire s’est transformée en autosuffisance. Peut-être que nos exportations agricoles participent un peu à la souveraineté de la France sans parler de la survie des populations africaines.
Dans les groupes de prospectives, on entend que le mot de rupture du système de production. Je vous rappelle que l’agriculture est une activité à forte inertie et que toutes les tentatives de changement radical ailleurs se sont soldées par des fiascos aux répercutions parfois dramatiques.
On aurait pu imaginer que face au réchauffement climatique, une politique volontaire de stockage des eaux hivernales tout en respectant les milieux naturels était une mesure plein de bon sens. N’y pensez plus.
Je ne reviens pas sur l’épisode néonicotinoïde sur semences de betteraves, c’est consternant de désengagement et de parole non tenue.
Je n’ose même pas vous évoquer la prochaine planification écologique ou le futur réglement relatif à la restauration de la nature…
Nous sommes dirigés par des citadins qui pensent à notre place. Les révélations de leurs gigantesques erreurs passées n’y changeront rien.
Alors que faire ?