«Changer le regard des gens sur la relation entre abeilles et agriculture»
Agriculteur au Mérévillois (Essonne), Éric Foucault est administrateur de la FDSEA Île-de-France.
« J’ai participé l’an dernier à la formation apicole mise en place par la profession. Mon objectif était de découvrir le monde des abeilles et de pouvoir argumenter face aux critiques envers les agriculteurs au sujet de la surmortalité de celles-ci. C’est une des formations les plus intéressantes que j’ai pu faire. Les explications des intervenants étaient claires, fournies, facilement accessibles et j’ai pu les mettre en pratique par la suite sur mon exploitation.
En effet, depuis cette formation, je travaille en partenariat avec un apiculteur amateur qui souhaite en faire son métier. Tout d’abord, je lui ai mis à disposition une clairière pour ses ruches et puis, après discussion, je me suis retrouvé à acquérir moi-même cinq ruches, et nous accueillons désormais près d’une trentaine de ruches dans cet espace naturel.
C’est en m’inscrivant comme apiculteur auprès de l’administration que je me suis rendu compte qu’il était très facile de se déclarer apiculteur par tout un chacun, et de ce fait être interviewé par les médias sur la disparition des abeilles. Les agriculteurs sont la cause une fois de plus de tous les maux… Or le soin apporté aux abeilles est primordial : les négligences de l’apiculteur débutant peuvent rapidement conduire à la perte d’une colonie. Le varroa et le frelon asiatique sont aussi de grands destructeurs d’abeilles.
J’ai débuté en 2021, une année à oublier ! Nous avons connu un printemps gélif puis pluvieux. Nous avons effectué une transhumance des ruches dans du sarrasin pour leur permettre de se nourrir. La récolte de miel durant l’été a été faible… Puis l’automne et l’hiver sont arrivés avec les missions de surveillance que ces saisons impliquent. Je ne pensais pas que l’apiculture demandait autant d’attention. C’est un nouveau métier qui se révèle complexe mais captivant ! Je veux ici remercier la FDSEA et la chambre d’Agriculture pour l’accompagnement précieux fourni sur cette thématique, qui contribue à nous aiguiller au quotidien sur nos missions.
Désormais, nous entamons une nouvelle saison. La floraison du colza se termine et l’application des traitements a été bien respectée par la profession aux alentours à la suite de l’arrêté abeilles. Je suis équipé d’une balance connectée, prêtée par la coopérative, pour connaître les heures de sortie de la ruche. Je pense implanter des jachères mellifères sur mon exploitation.
La profession agricole a aussi un défi personnel à relever : celui de changer le regard des gens sur la relation entre abeilles et agriculture. Beaucoup de nouveaux apiculteurs, souvent des néoruraux, sont l’archétype même de la personne persuadée que l’agriculture est la cause de tous les maux de l’abeille. Si un problème survient sur une colonie, le premier réflexe est de penser »traitement phytosanitaire ». Progressivement, nous échangeons et je fais en sorte d’expliquer nos pratiques, nos efforts… Assurément le chemin est encore long. »