Damien Greffin est intervenu à la tribune lors du congrès FNSEA
VIE SYNDICALE. Une délégation francilienne a assisté au congrès de la FNSEA du 21 au 23 septembre à Niort (Deux-Sèvres). Le président de la FRSEA Île-de-France, Damien Greffin, y est intervenu.
Le congrès de la FNSEA s'est tenu du 21 au 23 septembre à Niort (Deux-Sèvres) et une délégation francilienne a pu y participer. Au cours de ces trois jours de travaux, le président de la FRSEA Île-de-France, Damien Greffin, a pu intervenir à la tribune et livrer son analyse des enjeux agricoles actuels :
« Chers collègues, nous le constatons tous, le climat de défiance vis-à-vis des institutions scientifiques, des savants, de la science est croissant. Paradoxalement, alors que tout un chacun a un accès favorisé à l’information et à la culture, la numérisation et l’usage d’Internet brouillent l’information scientifique, faisant place à la diffusion de croyances les plus dangereuses. Nous-mêmes, nous peinons souvent à hiérarchiser les éléments nécessaires à la prise de décision. Cette évolution inquiétante vient de la confusion de plus en plus marquée entre ce qui relève des savoirs issus d’une démarche scientifique rigoureuse et ce qui relève de croyances ou de désinformation. Partout prolifèrent des informations tronquées ou inexactes, des théories complotistes. La rationalité et l’objectivité, valeurs auxquelles nous sommes profondément attachés en agriculture, s’opposent désormais au relativisme, théorie qui s’oppose à l’idée même de progrès. Les ‘‘anti-tout’’, les adeptes de la décroissance et de la sobriété imposent leur vue à force d’amalgames, de raccourcis ou d’actions violentes. La science constitue un pilier fort de la République française. Si la science est menacée, c’est l’existence même de la démocratie qui est menacée puisque l’avis scientifique ne constitue plus qu’une opinion parmi d’autres. Dans tous les débats importants de ces dernières années, notamment sur les biotechnologies et le recours à la chimie, les gouvernements qui se sont succédé depuis plus de vingt ans ont trop souvent reculé ou démissionné. Les risques ne doivent pas non plus être balayés d’un revers de la main, mais plutôt évalués rationnellement, en tenant à distance les croyances, les partis pris idéologiques et les discours sectaires. Dans les médias, la culture scientifique se résume à des raisonnements simplistes, qui constituent avant tout des coups de communication. Ces informations sont toujours présentées comme incontestables, et sont souvent démultipliées par les réseaux sociaux. Ne parlons pas de la pratique de la méthode scientifique dans l’enseignement ou de la démarche scientifique dans les assemblées et les ministères, là même où se prennent des décisions non fondées engageant l’avenir de notre agriculture, l’avenir de notre pays, l’avenir des Français. Quant aux responsables politiques, beaucoup n’hésitent pas à contredire les avis et recommandations émis par les comités scientifiques et les agences. Leur manque de courage nous place en incertitude juridique et nous expose à la vindicte populaire. C’est pourquoi la parole scientifique doit retrouver toute sa place car la nature même du progrès est remise en cause. Celui-ci doit bien sûr être maîtrisé et partagé mais n’oublions pas qu’il a été le principal facteur de l’évolution économique, sanitaire, sociale et environnementale. Dans ce contexte, la FNSEA se doit en premier lieu d’être un bouclier, un rempart à l’obscurantisme. Nous attendons qu’à l’appui de nos instituts, de nos associations spécialisés, de la coopération et de l’ensemble des organisations professionnelles agricoles, nous encouragions et surtout organisions la publication scientifique, qui fait complètement défaut. En matière de communication, la FNSEA manque parfois de clarté, nous demandons à ce que nous soyons encore plus courageux et que jamais nous ne tergiversions sur la nécessité de maintenir des moyens de production. N’ayons pas peur d’affirmer que le recours à la science, à la chimie, aux biotechnologies est une chance, et qu’il ne pourra jamais en être autrement si la France souhaite conserver son autonomie alimentaire, son indépendance et son influence dans le monde. »