Agriculteur à Mespuits (Essonne), Stéphane Besnard est secrétaire général de l’Union Beauce-Gâtinais et administrateur de la FDSEA Île-de-France.

Horizons : Vous avez entamé une conversion de votre exploitation en agriculture biologique depuis deux ans. Quels intérêts y trouvez-vous ?

Stéphane Besnard : J’ai effectué cet été ma deuxième récolte de conversion et désormais, toute la ferme est en bio. J’ai fait ce choix car, entre autres, ça ne m’intéresse pas de me battre sur les marchés mondiaux, face à des blés produits en Europe de l’Est par exemple. L’agriculture bio est destinée à une commercialisation plus locale, en tout cas française. Les cours restent élevés, et surtout plus stables. Je me sens également valorisé dans mon métier d’agriculteur car on vient chercher notre production, on nous propose des marchés. Le moral est meilleur !

Que pensez-vous de la vague de conversion bio qu’ont connu les grandes cultures franciliennes ces derniers temps ?

Je suis content du développement du bio, j’y participe. Cela répond à la fois à un marché, à une demande de la société et c’est une des réponses aux exigences environnementales toujours plus fortes. On pourrait craindre que l’augmentation de la production soit supérieure à l’augmentation de la consommation et que les cours s’effondrent, mais en réalité je suis optimiste. En alimentation humaine bio, nous disposons de débouchés variés : coopératives mais aussi meuniers et malteurs locaux, circuits courts…

Comment vivez-vous le retard de paiement des aides à l’agriculture bio ?

J’ai cru comprendre que cela est dû à un problème technique de l’administration. Dans tous les cas, c’est scandaleux. Ces retards de paiement sont un coup dur sur la période de conversion mais il ne faut pas considérer cela comme un frein pour celui ou celle qui se pose la question de passer en bio. En effet, la Région Île-de-France soutient l’agriculture et se substitue au désengagement de l’État sur ces aides à l’agriculture biologique qu’il faut défendre et qui sont justifiées.

Dans quelle situation êtes-vous en cette période de sécheresse ?

L’impact de la sécheresse me paraît moindre sur le bio. En tout cas, pour le moment, il n’y a rien de catastrophique me concernant car je ne fais pas de colza et je ne débute les semis de blé que tardivement. Plus généralement, on craint plus l’excès d’eau, comme en témoigne cette récolte 2018 décevante. Cela complique aussi le défi du désherbage des parcelles, même si mon matériel est performant. Cependant, je bénéficie d’un excellent appui technique et réglementaire grâce au Pôle de compétitivité en agriculture bio de la chambre d’Agriculture d’Îlede-France qui me fait gagner en savoir-faire.

PROPOS RECUEILLIS PAR MARINE GUILLAUME