« La confiance en ce gouvernement est réellement altérée »
Agriculteur à Etampes (Essonne), Damien Greffin est président des FDSEA et FRSEA Ile-de-France ainsi que la FNSEA Grand Bassin Parisien.
Horizons : Une grande mobilisation syndicale est annoncée à Paris pour le 19 décembre. Pourquoi avoir décidé cette nouvelle manifestation ?
Damien Greffin : Nous nous inscrivons dans la démarche initiée par la FNSEA et JA. Les conclusions des Etats généraux de l’alimentation risquant de remettre en cause en profondeur notre modèle de production, la décision de la France d’opérer un transfert supplémentaire de 4,2% du 1er vers le 2nd pilier de la Pac, la suppression de la réduction de 7 points de la MSA obtenu l’année dernière, la non mise en place dans la loi de finance de l’épargne de précaution, la décision de supprimer le glyphosate en France sous 3 ans alors que l’Europe, démocratiquement, l’a ré-homologué pour 5 ans, le spectre d’une renationalisation de la Pac dans le cadre de la prochaine réforme, et enfin les accords du Ceta et du Mercosur…sont autant de sujets qui impactent très négativement l’agriculture et cristallisent notre colère. La confiance en ce gouvernement est réellement altérée.
Par exemple, nos structures nationales se sont beaucoup investies dans les états généraux de l’alimentation mais à l’évidence, la perte de temps semble avérée, car cela ne débouche sur rien de très concret. Citons également les sept points de cotisation que nous avions obtenu de haute lutte, nous allons perdre un acquis qui nous mettait simplement au même niveau que les Allemands. Sans parler du glyphosate, sur lequel le gouvernement annonce une surtransposition flagrante et une énième distorsion de concurrence qui plombera un peu plus nos exploitations.
Le président Emmanuel Macron est clairement visé…
Absolument et je l’assume. Depuis Nicolas Sarkozy, la France est entrée dans un régime hyper présidentiel. Stéphane Travert, plutôt acquis à notre cause, ne semble ni écouté, ni entendu. Sur la question agricole, c’est Nicolas Hulot qui fait la pluie et le beau temps.
Emmanuel Macron avait pris des engagements devant le monde agricole l’an dernier au congrès de Brest, il n’en tient aucun ! Il avait tenu un discours profondément européen nous garantissant une politique sans surtransposition. En réalité aujourd’hui, c’est tout le contraire, à la moindre difficulté, c’est la reculade. L’agriculture française nécessite pourtant d’être sur le même modèle que ces voisins européens. Si ce n’est pas le cas, aucune filière, aucun modèle de production ne résistera… Les agriculteurs sont pris en étau entre une conjoncture économique particulièrement difficile à surmonter et la remise en cause perpétuelle de leur moyens de production.
Justement, à tous les agriculteurs qui sont abattus par ces dernières actualités stygmatisantes et qui s’interrogeraient sur le bien-fondé d’une nouvelle manifestation parisienne, que leur diriez-vous pour les inciter à venir ?
Que notre métier mérite d’être défendu car une cause qui n’est pas défendue est une cause perdue. Il faut garder espoir, faire preuve d’optimisme malgré tout et venir faire entendre sa voix. L’action du 19 décembre sera aussi et surtout une action de communication pour expliquer au média la réalité de nos métiers et de l’agriculture dans notre pays. Que chacun vienne dire ce qu’il fait dans sa ferme et de quelle manière les décisions que prend ce gouvernement impacteront son quotidien et son exploitation. Il faut dire haut et fort que notre agriculture est la plus saine du monde, qu’il y a quarante-six molécules interdites en France qui sont autorisées dans les autres pays d’Europe et qu’il faut stopper toutes ces distorsions de concurrence.